Faillite de PrimeEnergy Cleantech : pertes estimées pour les créanciers et centaines de victimes
Contexte et chiffres clés de la faillite PrimeEnergy Cleantech
La débâcle de PrimeEnergy Cleantech (PEC) se traduit par des montants évaporés et par des centaines de personnes lésées. La première assemblée des créanciers a été organisée à Lausanne et le palais de Beaulieu a été loué pour accueillir l’événement. À 14 heures, le démarrage a été retardé: à l’extérieur, la file dépassait une centaine de mètres.
Plus de 1400 personnes se sont présentées, principalement originaires des cantons de Genève et de Vaud. Beaucoup d’épargnants avaient envisagé d’investir dans l’énergie photovoltaïque pour préparer leur retraite, alliant ainsi profil social et rendement présumé. La réalité des chiffres présentés porte le débat sur le fond.
Chiffres et actifs mobilisables
Le cabinet Werder Vigano, chargé d’administrer la faillite, a dévoilé des chiffres lourds: 1888 déclarations de créance déposées à ce jour, auxquelles s’ajoutent une centaine de créanciers connus et contactés. Le total des créances liées aux obligations et actions « PEC » atteint 153,4 millions de francs. L’estimation de récupération pour les créanciers varie entre 20 % et 40 %, soit environ 30 à 60 millions de francs, avec une éventuelle évolution future.
À l’actif mobilisable, l’essentiel se compose d’immeubles évalués autour de 50 millions, grevés de 27 millions d’hypothèques, ainsi que de participations dans 42 filiales actives en Suisse et à l’étranger, qui exploitent 108 installations solaires. La valeur combinée de ces éléments serait comprise entre 15 et 30 millions.
Réactions et analyses des victimes
Pour Jérôme Fontana, membre du comité de l’ALPEC (Association des personnes lésées de PrimeEnergy Cleantech), la frustration prévaut: « les 20 % à 40 % récupérables doivent être mis en regard des 70 % annoncés à un moment par l’actionnaire principal, Laurin Fäh ». Il ajoute que le recours potentiel à la procédure pénale pourrait permettre des recouvrements supplémentaires, notamment via des saisies des biens personnels des responsables. Maitre Robert Assaël, avocat de plusieurs victimes, rappelle que l’audience de ce mardi pourrait inciter les plaignants à s’engager dans une voie pénale, afin d’atteindre les biens personnels des dirigeants.
Maître Pascal Pétroz, représentant des dizaines de lésés et élu à la commission de surveillance, indique que la masse en faillite a déposé une plainte pénale et est en contact avec le Ministère public genevois, qui a déjà procédé à des saisies et des séquestres. Il souligne aussi que 1988 créanciers constituent une réalité, et que 153 millions de francs restent un trou important. Il se demande comment un tel montant a pu s’accumuler et où est passé l’argent.
Perspectives temporelles et modalités de liquidation
Jérôme Fontana suggère que le nœud du dossier réside dans les participations croisées entre les filiales, et que le dénouement pourrait s’étaler sur plusieurs années. Selon Maître Pétroz, récupérer entre 20 % et 40 % est une norme dans ce type de faillite, tandis que Maître Assaël qualifie ce ratio de « faible » au regard de l’ampleur présumée des actes délictueux des responsables.
La deuxième assemblée des créanciers est programmée pour fin 2026, afin de trier les créances admissibles des autres. La vente des immeubles, des installations solaires et éventuellement des filiales nécessitera du temps: les intervenants estiment un horizon d’au moins deux à trois ans, avec une éventuelle prolongation selon l’évolution du dossier.
Retraites et comparaison avec d’autres affaires
« Les gens ne toucheront rien avant douze à dix-huit mois », avertit Jérôme Fontana, et les premiers versements pourraient ne concerner qu’un montant partiel. Quant à la procédure pénale, elle pourrait s’étaler sur environ dix ans avant un éventuel aboutissement. Pour comparaison, l’affaire des logements fantômes à Genève, impliquant 188 lésés, s’étire depuis treize ans sans épilogue pénal clair à ce jour. Beaucoup d’épargnants expriment leur détresse et confient que leurs projets de retraite ne se présentent pas comme prévu.