Feux de forêt en Europe : l’impact majeur des activités humaines au cœur des enquêtes
D’après les données officielles publiées sur le site Géorisques et fondées sur une analyse de l’Office national des forêts (ONF), environ 90% des départs d’incendies en France seraient liés à l’activité humaine, tandis qu’une proportion bien moindre est attribuée à la foudre. La majorité de ces sinistres découle d’actes involontaires comme les travaux, les infrastructures de transport, les barbecues ou encore les mégots de cigarettes. Cependant, près d’un quart des incendies recensés seraient liés à des actions volontaires.
Un incendie hors norme dans l’Aude
Dans l’Aude, un feu d’une ampleur exceptionnelle a causé un décès et deux blessés graves. Selon le procureur de la République de Montpellier, qui supervise l’enquête, l’origine pourrait être liée à un acte volontaire à caractère criminel. Le sinistre a parcouru environ 16’000 hectares de végétation et de cultures en seulement deux jours, dont 13’000 ont été complètement détruits. Bien que la progression des flammes ait été maîtrisée, le feu n’était pas encore totalement éteint au moment du bilan. Selon la Base de données des incendies de forêt en France (BDIFF), il s’agit du plus important incendie observé dans la zone méditerranéenne française depuis un demi-siècle.
Portugal : une recrudescence des incendies volontaires
Au Portugal, les autorités rapportent qu’entre le 1er janvier et le 13 août, 42 personnes ont été interpellées en flagrant délit pour mise à feu volontaire de forêts. Ce chiffre dépasse déjà le total des arrestations enregistrées pour l’ensemble de l’année 2024 (36 cas). D’après la Garde nationale républicaine (GNR) citée par l’agence de presse Lusa, environ 24% des 5996 feux recensés depuis janvier résultent d’actes intentionnels. Ces incendies ont fait un mort parmi les personnes mobilisées pour lutter contre les flammes.
Une lutte recentrée sur la prévention
L’Agence pour la gestion intégrée des feux ruraux (AGIF) affirme concentrer ses efforts sur les incendies volontaires, jugés particulièrement destructeurs. D’après son coordinateur régional Bruno Antunes, les campagnes habituelles de sensibilisation ne suffisent plus et une nouvelle stratégie, reposant notamment sur une meilleure gestion des forêts, a été privilégiée. Dans les zones rurales peu habitées, les terrains boisés délaissés deviennent en effet hautement vulnérables. Relancer l’exploitation forestière permettrait à la fois de limiter la propagation des flammes grâce au défrichage et de repérer plus tôt les départs de feu grâce à la présence d’ouvriers. Toutefois, le manque de moyens constitue encore un obstacle à grande échelle.
Multiplication des arrestations en Espagne
En Espagne, la Garde civile a annoncé l’arrestation d’au moins quatre personnes supplémentaires soupçonnées d’être à l’origine de feux de forêt, portant le total à une trentaine d’interpellations depuis le début de l’été. Parmi elles, un homme est suspecté d’avoir causé par négligence un incendie ayant touché environ 3000 hectares dans la région de Castille-et-León, où près de 40’000 hectares auraient déjà été ravagés selon les autorités locales.
Le ministère de l’Intérieur espagnol a indiqué que 25 personnes avaient été arrêtées depuis le début de la saison estivale pour des incendies, dont certains intentionnels et d’autres liés à des imprudences. Depuis le début de l’année, l’Espagne a enregistré plus de 157’000 hectares détruits par les flammes, d’après les données du Système européen d’information sur les feux de forêt (Effis). Trois décès ont été confirmés dans le pays.
Un risque croissant pour l’Europe du Sud
La France, le Portugal et l’Espagne font face à des incendies de grande intensité, souvent liés à des comportements humains, qu’ils soient inconscients ou intentionnels. Les enquêtes en cours et les chiffres officiels mettent en évidence la gravité de ce phénomène, qui impacte durablement les paysages méditerranéens et nécessite des moyens renforcés en matière de prévention et de gestion des forêts.