Frites : plaisir universel et enjeux pour la santé et la convivialité

Frites : plaisir universel et enjeux pour la santé et la convivialité

Un aliment devenu emblématique et international

La frite s’est imposée comme un plaisir culinaire accessible et populaire, présent sur tous les continents. On la retrouve dans les food trucks, dans les menus enfants et même dans des restaurants étoilés; elle peut aussi se distinguer par des versions surprenantes. À New York, des frites sont servies avec Dom Pérignon pour 200 dollars dans du cristal Baccarat. Plus discrète mais tout aussi audacieuse, une autre innovation signée Laurent Fouache consiste en une glace à base de frites, symbole de friture créative.

Risques pour la santé évoqués par la recherche

Des données publiées par le British Medical Journal suggèrent que la consommation de trois portions par semaine pourrait accroître le risque de diabète de type 2 d’environ 20 %.

Dans La Matinale de la RTS, le médecin nutritionniste Dominique Truchot-Cardot rappelle que la friture peut accroître la densité calorique d’une portion d’environ 300 kilocalories par rapport à une cuisson à l’eau. Il souligne également que la friture utilise souvent des graisses riches en acides gras saturés et réutilisées, ce qui peut entraîner des composants oxydés et, parfois, des acides gras trans. Enfin, les températures élevées favorisent des transformations de l’amidon et, comme tout ce qui est cuit à haute température, augmentent les risques; la cuisson peut aussi conduire à la formation d’acrylamide, une substance potentiellement cancérigène. En particulier, la chaleur peut déclencher la réaction de Maillard, où l’amidon et l’asparagine peuvent former de l’acrylamide.

Convivialité et addiction

Pourtant, la frite demeure très attractive: elle capte l’attention par l’association du sucre de l’amidon et du gras. Selon le médecin-nutritionniste, « Je vois l’addiction dans le côté sucré de l’amidon et le gras qui va avec. C’est un combo très addictif. »

La pratique de manger avec les mains n’est pas étrangère à ce succès: « On a des thérapies mains-bouche pour les patients avec des troubles cognitifs, qui montrent qu’on augmente de près de 30 % leur prise alimentaire lorsque l’action de manger avec les mains est possible », précise la spécialiste.

Au-delà des aspects physiologiques, la frite incarne aussi un lien social fort: « On mange des frites en toute simplicité, entre amis ou en famille, et il n’y a pas besoin de faire de chichis. On peut les manger avec les doigts ou les manger comme ça, au débotté, dans la rue. Cela explique ce goût universel et cette conquête de la planète par la frite », juge Éric Birlouez, sociologue de l’agriculture et de l’alimentation.