Incendies à Los Angeles : quand l’abri devient une menace toxique pour les résidents d’Altadena

Incendies à Los Angeles : quand l’abri devient une menace toxique pour les résidents d’Altadena

Incendies à Los Angeles : l’abri domestique devient une menace toxique pour Altadena

Plus de huit mois après les incendies qui ont frappé Los Angeles, faisant 31 morts et détruisant plus de 16 000 bâtiments, Karen Girard, designer âgée de 58 ans, ne peut toujours pas réemménager dans sa maison située dans la banlieue d’Altadena.

La fumée a laissé sur les murs, les parquets et les meubles une empreinte toxique, imposant le port d’un masque et rendant l’intérieur problématique: métaux lourds tels que le plomb, l’arsenic et le zinc, ainsi que des substances volatiles parfois cancérigènes, comme le cyanure.

«J’ai réalisé que même si la maison est encore là, je risque de la perdre», a déclaré Karen Girard.

Jane Lawton, fondatrice de l’association Eaton Fire Residents United, affirme : «Il n’y a pas de normes claires, les assurances peuvent refuser ce qu’elles veulent.»

Des analyses et un coût sanitaire croissant

Lorsque les flammes ont rasé les pavillons voisins, mais épargné sa propre demeure, elle s’est d’abord crue chanceuse. «J’étais tellement heureuse, je me suis dit que je devrais aller acheter des billets de loterie», confie-t-elle. Mais les analyses ont peu à peu fait monter le doute: asthmatique, elle subit des épisodes violents dès qu’elle demeure trop longtemps sur place.

Des résultats qui inquiètent la santé publique

Au printemps, une équipe universitaire de l’UCLA a détecté du chrome hexavalent, cancérigène, à des niveaux qui exigent une vigilance accrue. Ces nanoparticules pourraient être transportées jusqu’à 10 km des zones sinistrées et toucher potentiellement des dizaines de milliers de personnes. «Elles sont tellement petites qu’elles peuvent entrer dans les intérieurs avec une grande efficacité», avertit le professeur Michael Jerrett.

Prévisions anxiogènes et mémoire des événements

«Ça va être comme le 11 Septembre», craint Jane Lawton, qui a effectué des tests à Altadena. Après l’attentat de 2001, le voisinage autour du World Trade Center a souffert de maladies respiratoires et d’un taux élevé de cancers.

Dilemme entre mesures et biens familiaux

Karen Girard se retrouve prise dans une bataille d’experts: l’hygiéniste qu’elle a engagé recommande de remplacer l’ensemble des meubles et objets, de traiter la charpente et de détruire les murs pour reconstruire la maison. L’expert mandaté par l’assurance soutient qu’un simple aspirateur équipé d’un filtre à air capturant les particules fines suffirait à rendre le lieu habitable. «Pour eux, c’est une question d’argent, pas pour moi. C’est ma maison, j’y vis depuis plusieurs décennies, je veux y rentrer!»

(afp/tkr)