L’impact des loyers sur le débat autour des coopératives d’habitation à Genève
Contexte et enjeux du projet de coopératives d’habitation à Genève
Une initiative populaire cantonale, identifiée sous le numéro 180, figure parmi les sujets abordés lors du vote prévu pour le 28 septembre. Celle-ci vise à transformer le paysage résidentiel genevois en favorisant le développement de logements coopératifs sans but lucratif. Selon ses promoteurs, d’ici 2030, au moins 10 % du parc immobilier devrait appartenir à ces structures.
Porté par le Groupement des coopératives d’habitations genevoises (GCHG), ce projet bénéficie du soutien d’un large spectre politique allant du MCG à la gauche, en passant par les partis centristes. En revanche, le PLR et l’UDC, avec l’appui du secteur immobilier, se positionnent en opposition à cette proposition.
Les préoccupations des opposants face au projet de loi
Une perception de restrictive et de limitée à certains profils
Les détracteurs critiquent notamment la portée sociale du dispositif. Selon Natacha Buffet-Desfayes, représentante du groupe PLR, l’initiative pourrait limiter l’accès au logement, car la création de 11’000 nouvelles habitations en coopératives pourrait recourir à des mécanismes légaux tels que la préemption ou l’expropriation. Dans ces conditions, la construction se limiterait probablement aux logements dits d’utilité publique (LUP), ce qui pourrait restreindre l’éligibilité à une partie de la population.
Vincent Subilla, directeur de la Chambre de commerce, évoque aussi le risque que ces critères rendent l’accès aux logements réservé à une minorité. De son côté, le député Adrien Genecand (PLR) souligne que l’accès à ces logements implique souvent des coûts élevés, notamment en parts sociales, ce qui pourrait paradoxalement limiter la majorité des ménages modestes.
Les défis liés à la réalisation des objectifs fixés
Concernant l’échéance de 2030, certains élus, comme le député UDC Lionel Dugerdil, jugent cette date peu réaliste. Il évoque notamment la lenteur administrative et judiciaire pouvant ponctuer la concrétisation de tels projets, avec un risque de retards importants liés à l’utilisation des outils de préemption et d’expropriation, souvent perçus comme une source de procédures longues et complexes.
Arguments des partisans et perspectives d’avenir
Une réponse aux problématiques de logement et de prix
Les soutiens de l’initiative, notamment Caroline Marti, secrétaire générale de la GCHG et députée PS, réfutent ces arguments et insistent sur la faible utilisation des outils de préemption et d’expropriation. Elle affirme par ailleurs que le principal objectif de cette réforme est de réduire le coût des loyers, qui en coopératives sont en moyenne 40 % moins chers que sur le marché libéral, selon l’Office cantonal de la statistique.
Pour les promoteurs de ce modèle, la coopérative privilégie un fonctionnement non lucratif, favorisant la qualité de vie, notamment dans l’aménagement des espaces extérieurs et la gestion participative par les locataires. Le principe de la coopérative permet ainsi une véritable gouvernance collective et une diversité de populations résidentielles, ce qui contraste avec le modèle de logements d’utilité publique souvent critiqué par ses détracteurs.
Une objectif réaliste plutôt qu’un impératif strict
Concernant l’échéance de 2030, Caroline Marti précise qu’il s’agit avant tout d’un objectif, et non d’un délai contraignant. La réussite de cette démarche dépendra notamment de l’évolution du contexte administratif et juridique, ainsi que de l’intérêt accru pour le développement de logements alternatifs, plus accessibles et plus abordables.
Ce débat illustre ainsi la tension entre la recherche d’un logement plus abordable et les enjeux législatifs et réglementaires entourant la construction de nouvelles coopératives à Genève.