Maladie d’Alzheimer : état des lieux sur le diagnostic, les traitements et la prévention
État actuel et contexte mondial
La maladie d’Alzheimer est la forme de démence la plus répandue à l’échelle mondiale et se manifeste notamment par des pertes de mémoire et une désorientation dans le temps et l’espace.
À l’occasion de la journée mondiale consacrée à cette maladie, les recherches progressent surtout sur le diagnostic, alors que l’efficacité d’un traitement reste incertaine. Selon l’Organisation mondiale de la santé, plus de 50 millions de personnes seraient touchées dans le monde, et les controverses autour des traitements persistent.
Avancées et limites des traitements récents
Les premiers traitements commercialisés récemment, Kisunla (donanémab) d’Eli Lilly et Leqembi (lécanémab) des partenaires Biogen et Eisai, marquent une étape en montrant un ralentissement des symptômes après des décennies sans progrès. Toutefois, les bénéfices apparaissent modestes et concernent surtout les patients en début de maladie; certains experts estiment que l’impact est faible. Par ailleurs, ces médicaments peuvent être associés à un risque d’hémorragies cérébrales.
Positions et décisions des autorités sanitaires
Les avis divergent selon les régions: des associations, notamment au Royaume-Uni, plaident en faveur d’une autorisation élargie, tandis que d’autres adoptent une approche plus prudente. L’Union européenne a récemment approuvé la mise sur le marché du Leqembi; en Suisse, Swissmedic n’a pas encore autorisé ce médicament.
Diagnostic et biomarqueurs
Des avancées importantes permettent d’envisager un diagnostic facilité par une prise de sang visant à détecter les marqueurs biologiques impliqués dans les mécanismes cérébraux de la maladie. Ce test sanguin est autorisé depuis mai aux États-Unis; en Europe, ce n’est pas le cas pour le moment. Un programme britannique évaluant l’impact de ces tests est en cours, avec un essai clinique lancé récemment.
La question de savoir si ces biomarqueurs suffiront un jour seuls à poser le diagnostic divise les avis. Fin 2024, l’Alzheimer’s Association, référence américaine, a modifié ses critères pour considérer que les biomarqueurs peuvent suffire à établir le diagnostic. En Europe, les spécialistes estiment qu’un examen clinique approfondi reste nécessaire pour confirmer la perte des capacités cognitives et fonctionnelles.
Prévention et facteurs de risque
Il existe un large consensus sur les facteurs de risque associés à la maladie d’Alzheimer et plus largement aux démences. Selon un bilan publié en 2024 dans The Lancet, près de la moitié des cas pourraient être liés à des facteurs identifiables tels que la perte d’audition, le tabagisme ou l’obésité. Néanmoins, les experts divergent sur le degré d’efficacité des actions préventives concrètes.
De plus en plus d’études évaluent l’efficacité de programmes d’accompagnement favorisant l’activité physique régulière et une alimentation adaptée. Une étude américaine publiée cet été dans JAMA a mesuré une légère ralentissement de la dégradation cognitive chez des patients ayant bénéficié d’un accompagnement intensif pendant deux ans, avec des effets modestes.
Chiffres clés en Suisse
- Quelque 161’100 personnes atteintes d’Alzheimer ou de maladies apparentées vivent actuellement en Suisse.
- Chaque année, on enregistre 34’800 nouveaux cas.
- 66% des personnes touchées par la maladie sont des femmes.
- Plus de 8100 personnes sont atteintes d’Alzheimer ou de maladies apparentées avant leur 65e anniversaire.
- En 2050, on estime que 285’700 personnes seront atteintes d’Alzheimer.
- En Suisse, Alzheimer et les maladies apparentées engendrent actuellement un coût global estimé à 11,8 milliards de francs par année.