Sahara occidental : l’ONU soutient le plan d’autonomie marocain, le Maroc jubile et l’Algérie sous pression

Sahara occidental : l’ONU soutient le plan d’autonomie marocain, le Maroc jubile et l’Algérie sous pression

Contexte historique et enjeux

Le Sahara occidental est un vaste territoire bordant la côte ouest de l’Afrique et a été une colonie espagnole jusqu’en 1975. Il est revendiqué depuis près de cinq décennies par le Maroc et par le Front Polisario, soutenu par l’Algérie. Riche en ressources, notamment en phosphate, et doté d’un potentiel touristique important, ce statut entretient des tensions entre Rabat et Alger depuis les années 1970.

Une résolution de l’ONU et ses implications

Le Conseil de sécurité de l’ONU a exprimé son soutien au plan d’autonomie du Sahara occidental présenté par le Maroc, le qualifiant de solution la plus réaliste pour ce territoire. Parrainée par les États-Unis, la résolution affirme qu’une autonomie véritable sous souveraineté marocaine pourrait constituer une option réaliste.

Cette décision a suscité des scènes de liesse au Maroc, car elle est perçue comme une validation, pour la première fois, de la thèse selon laquelle la région ferait partie intégrante du Maroc. C est un tournant, l’ONU ayant longtemps mis l accent sur le droit à l autodétermination du peuple sahraoui.

Analyse et réactions

Sans triomphalisme, le roi Mohammed VI a appelé à l apaisement et à une ouverture vis-à-vis des Sahraouis et de l Algérie, tout en évoquant une victoire perçue comme éclatante par certains observateurs.

Évolution du rapport de forces

Selon Kader Abderrahim, maître de conférences à Sciences Po Paris, ce vote marque une réorientation des rapports internationaux en faveur du Maroc. Il rappelle que la diplomatie s est alignée sur Rabat et souligne le rôle déclencheur de l administration américaine dans ce changement, évoquant le mandat de Donald Trump et les accords d Abraham qui ont accompagné la reconnaissance de la marocanité du Sahara occidental dans ce cadre.

Le spécialiste souligne aussi que cette dynamique résulte d une prééminence américaine croissante dans les relations internationales et d une nouvelle configuration des alliances régionales.

Algérie et position des grandes puissances

L Algérie se retrouve marginalisée selon les analystes. La Russie a choisi l abstention au vote, tandis que la Chine demeure un partenaire commercial important sans s associer explicitement à Alger. Les États-Unis cherchent de leur côté à réconcilier Rabat et Alger par le biais d engagements politiques et économiques.

Adlene Mohammedi, chercheur en géopolitique, rappelle que le principe d autodétermination occupe une place centrale dans le récit algérien et que toute concession sur la question sahraouie pourrait avoir des répercussions sur la crédibilité du pouvoir sur la scène internationale et auprès de l opinion publique.

Contexte intérieur et perspectives pour Rabat

Côté marocain, ce vote tombe à point nommé face à un mouvement de révolte mené par la jeunesse et pourrait offrir des retombées économiques significatives. Le Sahara occidental est déjà largement contrôlé par le Maroc et a fait l objet d investissements importants pour développer infrastructures, ressources naturelles et potentiel touristique afin d en faire une vitrine régionale.

Les analystes estiment que le Maroc peut chercher des partenariats économiques avec les États soutenant cette résolution. La région est riche en phosphate, en ressources marines et le tourisme y est envisagé comme un enjeu majeur, ce qui pourrait faire de cette zone un hub pour l intégration économique vers le reste de l Afrique.

Cependant, les spécialistes rappellent que cette victoire diplomatique ne résout pas les inégalités sociales ni les questions de gouvernance dénoncées par le mouvement GenZ 212 et réprimé ces derniers mois.

Conclusion

En définitive, ce vote de l’ONU rééquilibre le paysage diplomatique régional sans remettre en cause l aspiration sahraouie à l autodétermination et, à moyen terme, place le Maroc dans une position plus favorable sur les plans économique et stratégique.