Zurich lance une ligne d’aide 24h/24 pour les victimes de violences domestiques en attendant le numéro national 142

Zurich lance une ligne d’aide 24h/24 pour les victimes de violences domestiques en attendant le numéro national 142

Zurich déploie une ligne d’aide 24h/24 pour les victimes de violences domestiques

Le canton le plus peuplé de Suisse a décidé d’agir sans attendre davantage. À partir du 1er novembre, les personnes concernées pourront contacter le Service d’aide aux victimes du canton de Zurich. La ligne 044 455 21 42 offrira une assistance continue, des conseils personnalisés et une orientation vers les structures compétentes : hébergements d’urgence, soutien psychologique, accompagnement juridique ou suivi médical.

Pour Jacqueline Fehr, conseillère d’État zurichoise chargée de la Justice, il était impensable de repousser davantage la mise en place de ce service : « Nous attendions ce numéro depuis longtemps. Mais la violence ne se produit pas pendant les heures de bureau. Il faut pouvoir appeler à tout moment. »

Dès le 1er novembre, ce service d’aide sera joignable et offrira une assistance permanente, des conseils personnalisés et une orientation vers les structures adéquates, et ce même dans des situations d’urgence.

Beat Jans, conseiller fédéral en charge de la Justice, a visité le canton et a évoqué les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre du projet fédéral : « On a eu des problèmes techniques, légaux et pratiques. Chaque canton doit pouvoir répondre aux victimes qui appellent avec des questions précises. Je regrette ce retard, mais je suis très optimiste : le numéro national arrivera en mai. »

Ce futur numéro national à trois chiffres, 142, sera identique dans toute la Suisse, mais la réponse sera assurée localement : un appel en provenance de Neuchâtel sera pris en charge par un service romand et non par Zurich.

Dispositif dans trois cantons

Outre Zurich, Bâle-Ville, Bâle-Campagne et Obwald lancent également leur ligne temporaire. « Nous pouvons commencer dès maintenant et former correctement notre personnel pour être prêts quand le numéro national à trois chiffres entrera en vigueur », précise Jacqueline Fehr.

Dans les cantons les plus petits, une coopération suprarégionale est envisagée, comme l’explique Christoph Amstad, conseiller d’État obwaldien et vice‑président de la Conférence des directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales : « Notre canton est trop petit pour gérer cela seul. Nous nous organisons à plusieurs pour proposer une offre commune. »

Une mosaïque de mesures à Zurich

Le canton dispose déjà de huit centres de consultation pour les victimes, ouverts durant les heures de bureau, ainsi que d’un service de chat accessible 24h/24. La nouvelle ligne directe vient compléter ce dispositif déjà dense : « Nous avons toute une mosaïque de mesures », confirme Fehr.

Cette approche intégrée comprend également des refuges pour femmes, des programmes de responsabilisation pour les agresseurs, une gestion coordonnée des menaces et un service médico‑légal pour la conservation des preuves.

Selon les autorités, 40 % des places dans les refuges zurichois sont actuellement occupées par des femmes venues d’autres cantons, signe de la forte demande et de l’attractivité du réseau zurichois.

La Suisse doit faire davantage

La Suisse a signé en 2018 la Convention d’Istanbul, qui oblige les États à garantir un accès 24h/24 à l’assistance pour les victimes de violences domestiques et sexistes. Des chiffres restent préoccupants : plus de 19 000 cas de violences domestiques ont été recensés en 2022, et une femme meurt tous les quinze jours sous les coups d’un homme.

« L’augmentation des féminicides est très inquiétante. Il faut agir à tous les niveaux : fédéral, cantonal et communal », déclare Beat Jans.

Le Conseil fédéral veut renforcer la protection des victimes, en préparant une révision de la loi : soins médicaux spécialisés sans dépôt de plainte, gratuité du constat des blessures et accès garanti à des services d’aide 24 heures sur 24.

Beat Jans appelle aussi à un recours accru au bracelet électronique pour surveiller les agresseurs et protéger les victimes. À ce jour, seul le canton de Zurich a testé un système de surveillance en temps quasi réel, inspiré du modèle espagnol, mais sur deux affaires.

« L’Electronic Monitoring est une piste importante pour mieux protéger les victimes », affirme Beat Jans. « Nous travaillons avec les cantons pour développer ce dispositif, car ce sont eux qui seront responsables de sa mise en œuvre. »